Identité nationale et langue nationale bradée, cherchez l'erreur
Brevets et recherche . Le Comité contre le protocole de Londres dénonce le bradage de la langue française par le gouvernement Sarkozy.
Parmi les mauvais coups préparés cet été par le gouvernement Sarkozy, lattaque contre notre langue nationale est passée la plus inaperçue. Pourtant, il y a urgence : dès le 26 septembre, lAssemblée doit examiner à fin de ratification le protocole de Londres. Un texte qui permettra à tous les brevets déposés en anglais dêtre applicables en France sans traduction. Un grave danger pour lavenir de la langue française dans le domaine scientifique et technique et bien au-delà , dénoncé mardi au cours dune conférence de presse par le Comité contre le protocole de Londres. Pour son président, le linguiste Claude Hagège, professeur au Collège de France, il sagit ni plus ni moins, dun vaste programme de domination qui revêt le masque de la mondialisation .
Le comité quil préside compte déjà parmi ses membres des dizaines de personnalités prestigieuses (1). Il a pourtant été constitué à la hâte en juillet, quand on a appris que le gouvernement avait mis la ratification du protocole à lordre du jour de lAssemblée , explique Gil Kressmann, organisateur de la conférence. En fait, ajoute-t-il, ce protocole date de 2000, il a été signé par Lionel Jospin en 2001, mais le président Chirac avait refusé de le faire ratifier. Comme cest dailleurs le cas de 17 des 27 pays de lUnion européenne.
Un domaine de plus dans lequel Nicolas Sarkozy pratique la rupture en sacrifiant les intérêts du pays pour se plier totalement à limperium américain. Avec la complicité active de ministres comme Bernard Kouchner, pour qui, il le dit et lécrit, le français nest pas indispensable, lavenir de la francophonie, cest langlais , et de Jean-Pierre Jouyet, son délégué aux Affaires européennes, ex-membre du cabinet de Lionel Jospin.
Le pire, soulignait hier Christian Derambure, président de la Compagnie nationale des conseils en propriété industrielle, cest que la mise en oeuvre de ce protocole se fera au détriment des PME-PMI et au seul bénéfice des grandes entreprises et des multinationales, qui déposent beaucoup de brevets. Ce qui explique quil soit soutenu par le MEDEF
Parmi ceux qui ont beaucoup à y perdre, il y a, bien au-delà des scientifiques et des chercheurs, enjoints non seulement décrire mais aussi de penser en anglais, lensemble des travailleurs et des salariés, comme le soulignait Jean Loup Cuiseniez, délégué CFTC dAxa et membre du Collectif pour le droit de travailler en français en France.
Sil y a ratification, le monde du travail va passer au tout-anglais, dit le syndicaliste. Avec les risques que cela comporte, comme la montré lexemple des irradiés dÉpinal, victimes du fait que le mode demploi du logiciel était uniquement en anglais.
Cest le linguiste Bernard Lecherbonnier qui souligne : À ce rythme, dans vingt ans, on aura un enseignement supérieur en anglais. () On a déjà vu disparaître notre édition scientifique, 70 % des communications des chercheurs français sont en anglais. Peut-on écrire en anglais et penser en français ? Non. Sans les mots, il ny a plus de création française. Si ce protocole est ratifié, nous rejoindrons les pays qui considèrent que la langue, cest du folklore. Défendre le français, ce nest pas lutter contre langlais, mais défendre toutes les langues avec leur richesse culturelle.