L'affaire de l'appartement sur l'île de la jatte
Abus de bien social, prise illégale d'intérêt..."
...corruption passive, trafic d'influence.
...corruption passive, trafic d'influence.
Neuilly sur Seine. C'est ici que Nicolas Sarkozy a gravi les premières marches dans sa quête de pouvoir. En 1983, à l'âge de 28 ans, il a été intronisé maire.
En 1997, le premier citoyen de cette commune chic aux portes de Paris a acheté avec sa femme Cécilia, un joli duplex situé sur la très prisée Île de la jatte.
Une des adresses la plus exclusive de Neuilly où le maire a la haute main sur les projets de constructions.
Le 28 février 2007, le Canard enchaîné sortait à la une: "La trop belle affaire immobilière de Sarkozy". L'hebdomadaire révélait que "ce logis de 233 m2 a été construit, aménagé et décoré par le groupe Lasarre. qui était alors le promoteur favori de la mairie de Neuilly. Et le citoyen Sarkozy Nicolas a bénéficié de forts rabais, d'abord sur l'achat de son logement, puis sur la réalisation des travaux d'aménagement". En fin de compte, le maire aurait eu droit à une ristourne de quelque 300.000 euros, 2 millions de francs.
Le candidat à l'Elysée s'est contenté de qualifier ces informations "d'outrancières et ridicules". Mais pourquoi donc n'a-t-il pas porté plainte en diffamation?
D'autant plus qu'une semaine plus tard, le mercredi 7 mars, le Canard enchaîné souligne, en publiant plusieurs documents, que "Nicolas et Cécilia ont bénéficié d'un traitement de faveur. Entre le rabais sur le prix de la vente et les travaux offerts par le promoteur, le cadeau dépasse bien les 300.000 euros."
Mais ce n'est pas tout. Une semaine passe, et rebelote: le 14 mars, l'hebdomadaire revient encore sur l'affaire en précisant que le maire Sarkozy "en avril 1997 a concédé un rabais de 775.000 euros au promoteur Lasserre sur des terrains municipaux de l'île de la Jatte, puis, lui a acheté son appartement avec une ristourne de plus de 300.000 euros". Résultat des courses: une fois déduite la ristourne faite au maire, le promoteur s'en sort avec 375.000 euros d'économies. Le couple Sarkozy se contentant de 300.000 euros . Autant d'économies réalisées sur le dos de la collectivité.
Si toutes les informations publiées par le Canard sont exactes, alors il est difficilement compréhensible qu'aucune suite judiciaire ne soit pas donnée à cette affaire.
En effet, le Monde soulignait dans son édition du 9 mars: "Le parquet possède 'l'opportunité des poursuites' et peut ouvrir une enquête préliminaire ou une information judiciaire". Les informations publiées par le Canard enchaîné "laissent supposer que des infractions ont été commises, cela mériterait au moins une enquête pour vérifier ces éléments", a précisé Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature. D'autant plus que, selon les magistrats et universitaires interrogés par Le Monde, "plusieurs infractions pourraient être visées. Il pourrait être reproché à Denise Lasserre, si elle a consenti des avantages à M. Sarkozy, un "abus de bien social" dont son client serait le receleur Une éventuelle décision municipale, prise sous la houlette du maire de Neuilly en faveur du promoteur, pourrait par ailleurs recouvrer une "prise illégale d'intérêt". Un hypothétique avantage obtenu du promoteur lors de l'achat de l'appartement pourrait correspondre à une "corruption passive" ou à un "trafic d'influence".
Et pourtant "La chancellerie se refuse à tout commentaire", précise encore le Monde.
A la fin du mois de janvier, Claude Guéant, ancien directeur général de la police nationale et directeur de campagne du candidat Sarkozy, avait annoncé en grande pompe: "Nicolas n'a pas de problème par rapport à son patrimoine. Il veut que tout soit clair". Pourtant, le candidat à l'Elysée s'est bien gardé de rendre public son patrimoine.
Pourquoi?
Claude Guéant précise: "Entrer dans le détail de chiffre cela me paraît délicat; Nicolas Sarkozy n'a pas envie de mettre sur la place publique les éléments de sa vie familiale et privée".
Au vu des informations publiées par le Canard enchaîné nous comprenons parfaitement la position du candidat de la droite musclée.